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bien renseignée ne songe aujourd’hui à révoquer en doute, est attribuable à différentes causes naturelles dont les plus proéminentes peuvent être énumérées comme suit :

« Premièrement. — La contrée montagneuse entre les 44e et 50e parallèles est de 3 000 pieds plus basse que la zone située immédiatement au sud. Le point le plus élevé sur la ligne du chemin du Pacifique nord est à 3 300 pieds plus bas que le sommet correspondant sur la ligne Union and Central. Les chaînes des Montagnes Rocheuses et des Cascades, aux endroits où les traverse la route du Pacifique nord, se réduisent à de légères élévations comparées à la hauteur qu’elles ont à quatre cents milles plus au sud. Cette différence dans l’altitude explique presque à elle seule la différence du climat, vu qu’il est constaté que d’ordinaire trois degrés de température équivalent à mille pieds d’élévation.

« Deuxièmement. — Les vents chauds de la côte méridionale du Pacifique qui prédominent en hiver et (aidés par le courant chaud de l’océan correspondant au Gulf Stream de l’Atlantique) produisent le climat tempéré que l’on observe sur la côte du Pacifique, passent au-dessus des crêtes des montagnes peu élevées au nord de la latitude 44°, et font pénétrer leur bienfaisante influence fort loin dans l’intérieur, tout en donnant au territoire de Washington le climat de la Virginie, et à Montana la douce température de l’Ohio méridional. »

Il est bien constaté que, quoique le chemin de fer américain passe plus au sud, l’altitude moindre de nos Montagnes Rocheuses et les vents chauds qui soufflent du Pacifique, rendent notre climat plus tempéré et empêchent la neige de s’y amasser à une moindre hauteur que sur la ligne des États-Unis. Ainsi, cette dernière à l’endroit où elle traverse la Sierra Nevada, qui à certains endroits est couverte de 9 à 30 pieds de neige, a dû construire, à grands frais, des hangars ou abris-neige (snow-sheds) sur un parcours d’environ quarante milles.

Ces hangars ont pour but de protéger la ligne ferrée contre les masses de neige, qui se détachent en avalanche des montagnes et ils encadrent la voie partout où l’on a eu à craindre de ces amoncellements. Ils consistent en une rangée d’arbres aux troncs gigantesques, qui sont fichés en terre à de courts intervalles, et le toit est formé de grosses poutres ou planches qui sont inclinées. On dirait de véritables tunnels à travers lesquels le jour entre à peine. Ces abris ont coûté la somme ronde de 1 731 000 $.

Malgré leur solidité, les avalanches tombent parfois avec tant de violence qu’il est arrivé que plusieurs de ces abris ont été écrasés. L’hiver dernier, les ouragans de neige ont sévi avec une