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quelques endroits de bons terrains, entre autres une lisière longue de plus de 20 milles.

Le Lac Nipigon n’est qu’à trente milles du Lac Supérieur et on a formé le projet de faire passer le chemin du Pacifique au nord de cette nappe d’eau pour le diriger ensuite en droite ligne sur Fort Garry. Mais il est probable qu’on s’efforcera de trouver un tracé au moyen duquel le chemin ira toucher aux eaux du Lac Supérieur, à Nipigon ou à la Baie du Tonnerre.

On connaît bien mieux la région qui s’étend du Lac Supérieur à la province de Manitoba. On sait qu’un chemin de fer y sera tout à fait praticable, et les opérations seront grandement facilitées par les travaux énormes que le gouvernement canadien a déjà fait exécuter sur cette section. Depuis des années, M. S. J. Dawson, un habile ingénieur, consacre ses efforts à la construction d’une route mixte, par terre et par eau, qui relie la Baie du Tonnerre à Fort Garry. Malgré les récits contradictoires qui ont été publiés sur les facilités qu’offre cette route, il semble certain qu’avant longtemps elle sera fort fréquentée. Déjà, des caravanes d’émigrants qui se rendent au nord-ouest passent par cette voie, et les diverses expéditions militaires que le gouvernement a envoyées à Manitoba depuis quelques années n’ont pas suivi d’autre chemin.

Du Fort Garry jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses s’étendent, sur un parcours de plus de mille milles, de vastes plaines et le magnifique territoire de la Siskatchewan, qui seul est aussi grand que l’Angleterre. Le sol ondule en certains endroits dans cette région, mais il est en général uni et très fertile. Tous les explorateurs s’accordent à reconnaître que pas un pays au monde n’offre moins d’obstacles à la construction d’un chemin de fer. Et M. Frank Moberly, ingénieur du gouvernement, a corroboré ce fait dans un rapport[1] qui a été publié tout récemment.

Le contraste est frappant lorsqu’on compare ces plaines à la région aride que parcourt le chemin du Pacifique Central américain avant d’arriver au versant occidental des Montagnes Rocheuses. M. Rodolphe Lindau qui a voyagé sur cette route, nous dit que sur une étendue de plus de 300 milles le pays est désert. La pluie y est excessivement rare et le sol desséché peut à peine nourrir l’herbe des prairies. Pendant des journées entières on n’aperçoit ni bois, ni verdure : c’est un spectacle aussi désolant que celui du Sahara d’Afrique.[2]

  1. Progress report on the Canadian Pacific Railway Exploralory survey.
  2. Du Pacifique à l’Atlantique, Revue des Deux Mondes. 1859.