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la grande entreprise projetée, qui relève du ministère des Travaux Publics. Et il a publié à son retour, un rapport de sa visite officielle, qui constitue une véritable mine d’informations sur un pays extrêmement favorisé par la nature, et qui mérite d’être mieux connu qu’il ne l’est.

Des partis d’ingénieurs furent dépêchés sans délai aux deux extrémités de la route pour faire l’étude du tracé et du caractère topographique du pays qu’elle devra sillonner. Nous connaissons déjà le résultat d’une partie de leurs explorations, que nous signalerons dans une autre partie de cette étude.

Une somme considérable est affectée à cet objet. Le gouvernement en entreprenant ces explorations préliminaires, a imité l’exemple donné par les États-Unis qui ont dépensé 340 000 $ pour mettre à l’étude les tracés qu’ils firent explorer à diverses latitudes, dans le but de construire un chemin du Pacifique. Mais les frais d’exploration seront déduits de l’octroi en argent voté par le parlement canadien.

À la dernière session des chambres fédérales, Sir George E. Cartier, dont le nom est depuis longtemps lié à la cause des chemins de fer, a fait adopter, à une très forte majorité, un bill pour la construction du chemin du Pacifique. Le principe d’une mesure aussi grosse de conséquences, a été accepté par tous les partis, et le projet n’a été combattu que sur le meilleur mode à adopter pour le mettre à exécution. C’est un fait important à constater, car il prouve que l’esprit public s’élève en Canada, à mesure que l’horizon de notre politique s’agrandit. Ainsi il ne suffit pas toujours, à l’encontre du passé, qu’une grande mesure d’utilité publique soit défendue par un parti, pour que ses adversaires la combattent avec un opiniâtre acharnement, au risque de nuire aux plus graves intérêts du pays. Il y a d’ailleurs assez d’autres questions importantes qui offrent un vaste champ aux luttes politiques, sans que l’esprit de parti doive s’attaquer aux mesures qui contribueront réellement à notre avancement et à notre progrès matériel.

Le gouvernement canadien s’est engagé par cette mesure à donner un octroi de 30 000 000 $ en argent et de 50 000 000 d’acres de terre à la compagnie qui voudra entreprendre l’exécution du chemin. Le subside en argent sera contracté au moyen d’un emprunt sur le marché anglais, dont le tiers a été garanti par le gouvernement impérial.

Cette double subvention assure, suivant toutes probabilités, la construction du chemin. Déjà deux compagnies se sont formées pour entreprendre les travaux et, à la tête de l’une d’elles, se trouve