Page:Tassé - Le Nord-Ouest, 1880.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11

pas que les récoltes ne soient toujours bonnes. La pénétrabilité du sol lui fait absorber l’eau facilement.


neige et gelées


Il ne tombe pas autant de neige à Manitoba que dans les provinces de Québec ou d’Ontario ; la moyenne est de 20 à 24 pouces ; aussi les chemins sont-ils généralement fort beaux en hiver. Fait étrange, il n’en tomba pas même suffisamment, durant l’un des derniers hivers, pour permettre l’usage des sleighs, et la débâcle de la rivière Rouge survint brusquement, cette année-là, vers le 15 de mars.

On a beaucoup parlé des gelées hâtives de Manitoba, et l’exagération a eu plus que sa part. Tout ce que nous pouvons en dire, c’est qu’il n’est pas à notre connaissance, du moins, que les céréales et les légumes en aient souffert d’une manière sensible pendant notre séjour de cinq années là-bas.

fertilité du sol


Le sol de la vallée de la rivière Rouge est d’un alluvion noir ayant une couche végétale de deux pieds et plus à certains endroits. Sa fertilité est extraordinaire. M. Mathieu de Dombasle, l’un des plus habiles agronomes de son siècle, disait : « Avec du fumier, je ne connais pas de mauvaise terre ; sans fumier, je n’en connais pas de bonne. »

Il faut faire exception pour Manitoba, où la pratique de fumer les terres a été à peu près, pour ne pas dire absolument, inconnue jusqu’ici.

À la dernière exposition fédérale, l’on exhibait un échantillon de la terre d’une ferme qui avait produit du blé pendant cinquante ans consécutifs, sans engrais aucun. Nous avons vu de nos yeux à Dufferin, en 1874, un superbe champ de blé encore sur tige — et c’était la vingt-deuxième année que la terre était semée de ce grain, sans que personne eût songé à la fumer.

M. W. A. Loucks acheta, en 1875, une ferme exploitée depuis 70 ans, et qui avait déjà produit 52 récoltes de blé. L’an suivant, il eut 26 minots de blé de l’acre, 51 minots d’avoine, 20 minots de pois, puis, en 1877, il recueillit 352 minots de pommes de terre de la semence de dix minots.

L’analyse du sol, faite avec soin par des hommes entendus, lui attribue les propriétés les plus remarquables.

M. Thomas Connolly, correspondant du Times de Londres, écrivait dans une lettre adressée au Citizen d’Ottawa, le 18 novembre dernier :

« Je déclare n’avoir jamais vu, dans le nouveau ou l’ancien monde, un pays où le sol soit plus fertile et le climat plus salubre