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Janicola, auquel il dit : « Janicola, je sais que tu m’as toujours aimé : j’en exige de toi une preuve aujourd’hui, c’est de m’accorder ta fille en mariage. »

Le pauvre homme, interdit à cette proposition, répondit humblement : « Sire, vous êtes mon maître et seigneur, et je dois vouloir ce que vous voulez. »

La jeune fille, pendant ce temps, était debout auprès de son vieux père, toute honteuse, car elle n’avait pas été accoutumée à recevoir un pareil hôte dans sa maison. Le marquis lui adressant la parole :

« Griselidis, dit-il, je veux vous prendre pour mon épouse ; votre père y consent, et je me flatte d’obtenir aussi votre aveu ; mais auparavant, répondez-moi à une demande que je vais vous faire devant lui. Je désire une femme qui me soit soumise en tout, qui ne veuille jamais que ce que je voudrai, et qui, quels que soient mes caprices ou mes ordres, soit toujours prête à les exécuter. Si vous devenez mienne, consentez-vous à observer ces conditions ? » Griselidis lui répondit : « Monseigneur, puisque telle est votre volonté, je ne ferai ni ne voudrai jamais que ce qu’il vous aura plu de me commander ; et si vous ordonnez ma mort, je vous promets de la souffrir sans me plaindre. — Il suffit, dit le marquis. » En même temps il la prit par la main, et, sortant de la maison, il alla la présenter à ses barons et à son peuple : « Mes amis, voici ma femme, voici votre dame, que je vous prie d’aimer et d’honorer, si vous m’aimez moi-même. »

Après ces paroles, il la fit mener au palais, où les matrones la dépouillèrent de ses habits rustiques pour la parer de riches étoffes et de tous les ornements nuptiaux. Elle rougissait, elle était toute tremblante,