faveur. Le roi le fit appeler : « Maître, lui dit-il, je vous recommande ces gens-là, guérissez-les tout de suite, et que je les renvoie chez eux. — Sire, répondit le vilain, à moins que Dieu ne s’en charge avec moi, cela ne m’est pas possible, il y en a de trop. — Qu’on fasse venir les deux sergents, reprit le prince. » À l’approche des exécuteurs, le malheureux, tremblant de tous ses membres, demanda de nouveau pardon, et promit de guérir tout le monde, jusqu’à la dernière servante.
Il pria donc le roi de vouloir bien encore une fois sortir de la salle ainsi que tous ceux qui se portaient bien. Resté avec les seuls malades, il les arrangea tout autour de la cheminée, dans laquelle il fit faire un grand feu, et leur parla ainsi : « Mes amis, ce n’est pas une petite besogne que de rendre la santé à tant de monde et surtout aussi promptement que vous le désirez. Je ne sais qu’un moyen, c’est de choisir le plus malade d’entre vous, de le jeter dans le feu, et quand il sera consumé, de prendre ses cendres pour les faire avaler aux autres. Le remède est violent, j’en conviens, mais il est sûr, et je réponds après cela de votre guérison sur ma tête. » À ces mots, ils se regardèrent les uns les autres, comme pour examiner leur état respectif. Mais dans toute la bande il n’y avait personne étique ou enflé qui, pour la Normandie entière, eût voulu convenir alors que sa maladie était grave.
Le guérisseur s’adressant au premier du cercle : « Tu me parais pâle et faible, lui dit-il, je crois que c’est toi qui es le plus mal. — Moi, Messire, point du tout, répondit l’autre, je me sens tout à fait soulagé dans ce moment, et ne me suis jamais si bien porté. — Com-