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parler. » Ils sortirent ensemble ; mais, auparavant, le clerc commanda à son valet de seller les chevaux et de les tenir tout prêts.

Le prêtre, quand ils entrèrent, était déjà revêtu des ornements sacerdotaux, et il allait chanter sa messe : c’était un dimanche. « Ceci va être fort long, dit le voyageur à son hôte ; je n’ai pas le temps d’attendre, il faut que je parte. Laissez-moi aller le prévenir avant qu’il commence. Il vous suffit n’est-ce pas que vous ayez sa parole ? » D’après l’aveu de Nicole, il s’approche du curé, et, tirant douze deniers qu’il lui glisse adroitement dans la main : " Sire, dit-il, vous me pardonnerez de venir si près de l’autel pour vous parler ; mais, entre gens du même état tout s’excuse. Je suis un voyageur qui passe par votre ville. J’ai logé cette nuit chez un de vos paroissiens, que très probablement vous connaissez, et que voici là derrière, assez près de nous. C’est un bon homme fort honnête et sans la moindre malice ; mais son cerveau est malheureusement un peu faible ; et il lui a pris hier au soir un accès de folie qui nous a empêchés de dormir. Il se trouve un peu mieux ce matin, grâce au ciel ; cependant, comme il se sent encore un peu de mal à la tête et qu’il est plein de religion, il a voulu qu’on le conduisît à l’église et qu’on vous priât de lui dire un évangile, afin que Notre Seigneur achève de lui rendre la santé. — Très volontiers, répondit le curé. »

Alors, se tournant vers son paroissien : « Mon ami, lui dit-il, attendez que j’aie fini ma messe, je vous satisferai ensuite sur ce que vous désirez. » Nicole, qui crut trouver dans cette réponse la promesse qu’il venait chercher, n’en demanda pas davantage, il