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autrement. » Alors il prit une culotte qu’il porta dans sa cour, et proposa à la dame de la lui disputer, mais à condition que celui qui en resterait le maître le deviendrait aussi pour toujours du ménage. Elle y consentit très volontiers ; et, afin que la victoire et les droits qui en devaient être les suites fussent bien constatés, tous deux convinrent de choisir pour témoins de leur combat, l’une la commère Aupais, l’autre le voisin Simon.

Anieuse était si pressée de terminer le différend, qu’elle alla aussitôt les chercher elle-même. Ils vinrent, on leur expliqua le sujet de la dispute. En vain Simon voulut s’y opposer et remettre la paix dans la maison : « Le champ est pris, dit la mégère, il n’y a plus moyen de s’en défendre ; nous allons faire notre devoir, faites le vôtre. »

Quand Simon vit que les paroles de paix ne pouvaient rien, il se revêtit de l’office de juge. Il interdit aux deux champions toute autre arme que les mains ; et, avec la commère Aupais, alla s’asseoir dans un coin de la cour, pour veiller sur les combattants et prononcer le vainqueur.

La cour était grande et offrait de quoi s’ébattre. Anieuse, plus mutine, ainsi que plus traître, commença l’attaque par des injures et quelques coups de poing qui lui furent complètement rendus. Elle saisit ensuite la culotte, sire Hain l’empoigne de son côté ; chacun tire à soi et bientôt elle se déchire. On se dispute les deux morceaux qui ne tardent guère à être déchirés en plusieurs autres.

Les lambeaux volent par toute la cour, on se jette sur le plus considérable, on se le reprend, on se l’arrache,