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chargé en 1846 d’une mission difficile, délicate, celle de mettre à l’essai un mode d’examen dit à deux degrés, ayant pour base l’unité, l’uniformité, en soumettant tous les candidats de Paris et de la province à la même juridiction, au lieu d’être répartis, comme par le passé, entre plusieurs examinateurs qui, n’ayant pas la même manière d’interroger et de coter les réponses, donnèrent souvent lieu à des classements, disparates vivement attaqués.

» À peine nommé, M. Tarnier comprit tout d’abord la portée de l’espèce de magistrature dont il était chargé, de laquelle allait dépendre l’avenir de bien des jeunes gens. Aussi, pour être dans une situation nette, indépendante, pour ne pas être juge dans sa propre cause (professeur et examinateur), il commença par s’imposer des sacrifices d’autant plus grands que, père de famille, il n’avait pas de fortune personnelle. Ainsi, la chaire de mathématiques qu’il occupait avec distinction au collége Saint-Louis, fut confiée sur sa demande à un suppléant ; les écoles préparatoires auxquelles il appartenait depuis bien des années, soit comme professeur, soit comme répétiteur, furent privées de son enseignement ; enfin, les élèves-pensionnaires qu’il avait chez lui furent rendus à leurs familles, et tout cela quoique sa position d’examinateur fût très-précaire, puisque, chaque année, elle était remise en question, et que pour l’indemnité fixe, elle n’était que de 1800 francs.

» Comme Examinateur, le succès de M. Tarnier a été complet. À une grande habitude d’interroger les jeunes gens, il joignait ce que l’on peut appeler sa devise :

« La bienveillance dans la justice.»