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voilà l’obstacle le plus formidable qui se soit dressé et qui se dresse encore entre la petite école et l’esprit public ! À l’heure qu’il est, que les Canadiens-français secouent le joug de la partisannerie à outrance, et ils verront que les hommes de caractère ne leur feront pas défaut. Il en coûte aux âmes d’élite de descendre dans une arène où grouillent tous les plus vils instincts de la politiquerie. Voilà pourquoi les différents partis politiques de notre pays comptent dans leurs rangs si peu d’hommes réellement désintéressés.

Les anciens Canadiens pouvaient être supérieurs, au point de vue de l’éducation, aux Canadiens d’aujourd’hui, mais ce n’était pas au point de vue religieux, assurément, car plusieurs des hommes marquants de la dernière génération étaient entachés d’une forte teinte de voltairianisme. La Pléiade rouge, l’Institut-canadien de Montréal, le fait de certains chefs de notre nationalité mourant sans s’être réconciliés avec l’Église, tout cela ôte bien de la valeur à l’affirmation de notre confrère. Puis, aux jours sombres de 1837-38, n’avons-nous pas vu les six comtés de Montréal rester sourds aux enseignements et aux menaces de leur évêque, Mgr Lartigue ? tandis qu’en l’an de grâce 1894, les Canadiens modernes de ce même diocèse de Montréal, à la voix de leur digne archevêque, repoussent avec courage une Revue qui, après avoir atteint une circulation de près de quatre mille exemplaires dans l’espace de quelques mois, tombe à plat, puis bat de l’aile en attendant son dernier soupir ? Il y avait plus de foi vive, dit M. Tardivel, à cette époque qui précéda l’Union des deux Canadas. Voilà encore une assertion très contestable. Il est notoire que nos communautés religieuses