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s’agit de comparer les résultats obtenus par les deux systèmes, que l’on nous permette ici de mettre quelques statistiques sous les yeux de nos lecteurs.

De 1824 à 1836, sous le système paroissial, 68 écoles sont établies en vertu de la loi des écoles de fabrique.

De 1841 à 1894, 4200 écoles sont établies sous le système des municipalités scolaires. Ce qui représente donc le nombre de 1050 écoles créées durant chaque période de douze années. D’après ce qui précède, il est difficile de dire, avec M. Tardivel, que le système absolument paroissial aurait fini par avoir raison de l’entêtement de la population. Que l’on veuille bien se rappeler que le système que nous possédons maintenant n’a fonctionné et ne fonctionne encore actuellement, d’une manière passable, que grâce aux efforts conjoints de l’Église et de l’État.

Lorsque nous déplorons le peu de résultats obtenus par nos écoles primaires, ce n’est pas que nous voulions dire que le système actuel n’ait fait aucun bien. Non, nos plaintes visent surtout la triste situation qui est faite à l’instituteur en notre province. Quant au nombre d’écoles, il est plus que suffisant, et la quantité d’élèves qui fréquentent les classes est bien proportionnée à notre population. Ce n’est point là le point faible du système ; ce point faible se trouve tout entier dans l’impossibilité matérielle où se voient ceux qui se sentent attirés par vocation vers l’enseignement, à entrer dans cette carrière ou d’y persévérer s’ils y sont entrés. Et cette carrière enseignante, qu’il convient de créer en faveur de ceux qui se consacrent à l’instruction primaire de la jeunesse, c’est au père de famille qu’il est donné, en vertu de notre loi, de l’établir et de la rendre