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l’Église, quand il s’agit de la foi et des mœurs. Pour cet objet, l’Église doit avoir entrée dans les écoles, non par simple tolérance, mais en vertu de sa mission divine ; les lois civiles en cette matière ne créent point de droits nouveaux à l’Église, mais ne font que reconnaître et constater ceux qu’elle tient de son divin Fondateur. Se contenter de moins que cela, serait faiblesse et trahison.

« Voilà pourquoi une des plus pernicieuses erreurs de notre siècle, est celle qui prétend soumettre l’éducation de la jeunesse à la direction exclusive de l’État, de telle manière que l’Eglise n’y ait plus d’autorité pour sauvegarder la foi et les mœurs de ses enfants. On veut des écoles sans Dieu et sans religion. C’est là ce qu’a voulu condamner Pie IX, dans les 45e et 47e propositions du Syllabus.

« Mais partir de la condamnation de ces propositions pour refuser à l’État toute intervention dans l’instruction littéraire et scientifique de la jeunesse, en tant que la fin légitime de la société et le bien commun le demandent ; pour stigmatiser comme usurpation sacrilège toute loi civile concernant l’éducation de la jeunesse ; pour, dire enfin, que, par sa constitution divine, l’Église doit avoir seule la direction positive des écoles, même en ce qui concerne les lettres et les sciences naturelles, ce serait méconnaître à la fois la logique et l’enseignement des docteurs les plus autorisés ».

Il est bon de se rappeler que la lettre de Son Éminence le cardinal Taschereau et la circulaire de Mgr  Baillargeon, dont il est fait mention plus haut, ont été également écrites à la suite de vives discussions se rapportant au sujet actuel.

Ainsi nourri des enseignements de nos évêques, appuyé sur la loi actuellement en vigueur, nous avons demandé « s’il serait opportun, dans notre province, de rejeter absolument l’État hors de l’École », et affirmé