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le système moderne, le système de l’Instruction publique, de l’éducation transformée en fonction de l’État. Naturellement tout allait mal alors, à ses yeux. Il dit :

« Sous la loi des écoles de fabrique, qui fut établie en 1824, loi à peu près semblable à celle que demande notre confrère, les habitants se montrèrent si peu disposés à seconder le curé en matière scolaire, que l’on comprit bien vite que, sans l’intervention de l’État, jamais le Bas-Canada n’arriverait à posséder un nombre suffisant d’écoles. En 1830, six ans après l’établissement de cette loi, il n’y avait que 68 écoles de fabrique en opération, quand la population du Bas-Canada était à cette époque d’au moins 500,000 âmes ».

Et il cite des extraits d’une lettre de Mgr  Signay, en 1836, stimulant le zèle de ses curés en faveur de l’œuvre et l’éducation. Puis il ajoute :

« Il y avait donc 12 ans que les écoles paroissiales avaient été établies en 1836. Cependant, à cette époque, on était encore à “ démontrer l’avantage de semblables établissements, ” malgré les efforts réitérés et conjoints de l’évêque et du clergé ».

Douze ans, ce n’est pas une époque bien longue dans la vie d’un peuple ! Qui nous dit que si l’on avait maintenu le système des écoles de fabrique, des écoles paroissiales jusqu’à nos jours, les évêques et les prêtres ne seraient pas venus à bout de réveiller suffisamment le zèle de nos populations ? Nous avons d’autant plus le droit de croire que le clergé aurait pu obtenir ce résultat, à la longue, qu’à l’époque dont il s’agit, le Canada français passait par une violente agitation politique qui devait nécessairement préoccuper les esprits