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Évidemment, le R. P. Gohiet, qui doit lire et comprendre les Encycliques, n’interprète pas ces documente de la même manière que M. Tardivel. Cette thèse du distingué Oblat que je viens de citer me semble parfaitement d’accord avec un passage du Droit ecclésiastique qui a pour auteur le docte Phillips, si souvent cité par le R. P. Liberatore dans son livre intitulé : L’Église et l’État ; voici ce que dit Phillips :

« La première condition d’une alliance efficace de la loi de l’État avec celle de l’Église, c’est l’application des moyens de coercition dont la première dispose, dans tous les cas où la peine spirituelle est insuffisante. La voix du pasteur n’a pas toujours assez de puissance pour éloigner les loups ravisseurs du troupeau de Jésus-Christ ; c’est alors au prince investi de l’autorité (Dans notre pays ce rôle est dévolu à l’autorité politique, c’est-à-dire à l’État qui est la société civile constituée en corps de nation,) du glaive, qu’il appartient de s’armer de sa force, pour réprimer et mettre en fuite tous les ennemis de l’Église ».

C’est nous qui soulignons.

Il n’y a de coercitif dans nos lois d’éducation que juste ce qu’il faut pour suppléer à l’insuffisance des peines spirituelles. Jusqu’à présent, l’État, chez nous, en matière d’éducation, « n’a fait qu’aider la dilatation du règne de Dieu », suivant l’expression de saint Augustin. D’ailleurs, « le pouvoir civil est établi de Dieu pour le bien de l’État, comme l’autorité paternelle pour le bien de la famille[1] ».

Ne voit-on pas de suite que l’État, afin d’atteindre les fins légitimes de la société qui la constitue, non

  1. R. P. Schouppe, Cours de Religion.