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l’or, et des étrangers, parce qu’ils venaient combattre pour leur Père et pour le patrimoine de tous les catholiques.

La Révolution grandissait toujours. Garibaldi, à la tête d’une bande de brigands, soutenus par le gouvernement de Victor-Emmanuel, envahit le royaume de Naples et chassa François II de sa capitale d’abord, puis, avec l’aide des troupes piémontaises, de la ville de Gaëte, où le jeune roi fit une héroïque résistance.

Le 4 septembre, Napoléon eut une entrevue avec deux envoyés de Victor-Emmanuel, Farini et Cialdini, à Chambéry. À cette entrevue, suivant Cialdini, l’empereur des Français, qui avait protesté tant de fois de son dévouement au Saint-Siége, autorisa le Piémont à commettre les forfaits que nous allons raconter. Le traître se serait même servi des paroles de Jésus à Judas « Faites, mais faites vite. » Napoléon a nié cette version de l’entrevue, mais chose certaine c’est qu’immédiatement après l’entrevue de Chambéry, le Piémont somma brutalement le Pape de renvoyer ses volontaires. Et sans donner au Saint-Siége le temps de répondre, sans lui déclarer la guerre, les armées du Piémont entrèrent sur le territoire de l’Église comme une horde de brigands. Pour qu’on ne nous taxe pas d’exagération nous transcrivons ici l’ordre du jour adressé par Cialdini à ses troupes. Il est bon que ces paroles infâmes soient transmises de génération en génération pour la honte éternelle des spoliateurs :

« Soldats, disait Cialdini, je vous conduis contre une bande d’aventuriers que la soif de l’or et du pillage ont amené dans notre pays. Combattez, dispersez inexorablement ces misérables sicaires ; que par votre main ils sentent la force et la colère d’un peuple qui veut son indépendance ! Soldats, Pérouse demande vengeance ; et, bien qu’il soit tard, elle l’aura ! »

C’est ainsi que Cialdini parlait de la fleur de la jeunesse européenne. Et c’est ce sauvage que la France, la France de Charlemagne, a subi plus tard comme ambassadeur du roi-larron.

Victor-Emmanuel tenait un langage plus révoltant encore, car, en s’adressant à son armée, à la veille de violer les droits de l’Église, il osa encore parler de son dévouement au Saint-Siége !

Cialdini tomba comme une bête fauve sur la petite armée du Pape qui n’avait d’autre tort que de défendre les États romains contre les brigands. À Pesaro il écrasa par le nombre une poignée de 800 hommes, commandés par le vaillant colonel Zappi ; il mitrailla même la ville pendant plus de deux heures après que