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larron une lettre capable d’attendrir un cœur de pierre. On affirme même que Victor-Emmanuel la mouilla de ses larmes. Mais il s’était livré à la Révolution et il n’eut pas le courage de briser les chaînes qui le retenaient captif.

Puis, le 26 mars 1860, Pie IX lança une bulle d’excommunication contre le spoliateur couronné et contre tous ses complices. Napoléon, se sentant coupable, empêcha la publication de la bulle en France. Mais il n’a pas pu empêcher l’excommunication de porter ses fruits. À partir de cette date, Napoléon III commença à descendre du faite de sa grandeur pour aller enfin mourir en exil en passant par Sédan. On a beau dire, Dieu est le plus fort. Confregit in die iræ suæ reges.



CHAPITRE XIV.

L’orage.


En apprenant le sacrilége que venait de commettre le roi du Piémont, le monde catholique frémit d’indignation. De toutes les parties de l’univers arrivaient à Rome des adresses écrites dans toutes les langues et couvertes de millions de signatures et accompagnées de dons généreux. Plus que cela, la jeunesse chrétienne accourait de toutes parts offrir son sang au Chef de l’Église. Le fils du noble et le fils du paysan étaient animés du même désir : combattre pour les droits outragés de la religion, pour la Vérité méconnue.

Le Saint-Père offrit le commandement de sa petite armée au vainqueur d’Abdel-Kader, Lamoricière, de glorieuse mémoire, qui accepta avec joie la défense de la cause du Pape, au grand étonnement des sages du monde.

De concert avec Mgr de Mérode, ministre des armes, il organisa une petite armée de vingt-cinq mille hommes qui se distingua bientôt par la moralité et l’héroïsme. “La révolution, disait Lamoricière dans son premier ordre du jour aux troupes, comme autrefois l’Islamisme, menace aujourd’hui l’Europe, et aujourd’hui comme autrefois, la cause de la Papauté est la cause de la civilisation et de la liberté du monde.” Cette parole, qui frappait si juste, souleva une tempête dans la presse impie. On appelait les soldats du Pape des mercenaires, sans doute parce qu’ils n’étaient pas attirés à Rome par la soif de