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Romagnes. Les mieux disposés envers Napoléon durent se rendre à l’évidence : La politique de la perfide brochure : Le Pape et le Congrès, était bien celle de l’empereur des Français. Dès ce moment, le Congrès devint impossible, car le Saint-Siège ne pouvait pas accepter une conférence qui ne devait se réunir que pour ratifier la spoliation déjà accomplie et l’Autriche ne pouvait pas prendre part à un congrès qui ne prendrait pas pour base de ses délibérations le traité de Zurich.

La lettre de Napoléon au Saint-Père avait été publiée dans les journaux de France ; la réponse du Pape ne le fut pas. Dans cette réponse, remarquable par sa douce fermeté, Pie IX déclarait que les droits du Saint-Siège ne sont pas ceux d’une dynastie mais de tous les catholiques et que le Pape ne peut céder ce qui ne lui appartient pas. Voyant que Napoléon ne permettait pas à la presse française de rendre publique l’importante réponse du Saint-Siège, Pie IX lança, le 19 janvier 1860, la célèbre encyclique Nullis certè verbis qui renfermait les principaux passages de sa lettre à Napoléon et qui déclarait en outre que le Pape était prêt à souffrir les dernières extrémités mais qu’il ne trahirait pas la cause de l’Eglise et de la justice.

L’empereur défendit aux journaux, sous peine de suppression, de reproduire cette encyclique. L’Univers, le journal de M. Louis Veuillot, que l’on a si souvent accusé et que certaines personnes mal inspirées accusent encore de compromettre la cause de la religion, l’Univers, dis-je, eut le courage de publier le document pontifical en entier. Ce journal eut la gloire d’être persécuté pour avoir défendu les droits de l’Eglise ; il fut supprimé pendant sept ans par le franc-maçon Bonaparte. C’était la meilleure réponse qu’on pouvait donner aux catholiques timides qui avaient cette noble feuille en suspicion.

Cependant, Victor-Emmanuel, non content d’avoir dépouillé l’Eglise d’une partie de son patrimoine, eut l’audace d’écrire au Saint-Père, de protester, comme son complice Napoléon, de son dévouement à l’Eglise, et de demander à Pie IX de lui céder, pour le bien de la religion, non-seulement les Romagnes, mais les Marches et l’Ombrie. Il poussa l’hypocrisie jusqu’à prier le Souverain-Pontife de lui donner sa sainte bénédiction. Pie IX, avant de frapper ce fils rebelle, l’avertit par une lettre et dans une encyclique adressée aux évêques, du terrible châtiment qui le menaçait. Victor-Emmanuel, ayant consommé son iniquité en acceptant formellement l’annexion des Romagnes au Piémont, écrivit de nouveau au Pape, sollicitant, comme par le passé, sa « sainte bénédiction. » Pie IX adressa au roi