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Pour répondre aux agitateurs qui ne cessaient de parler de l’impopularité du gouvernement pontifical, Pie IX entreprit, en 1857, un voyage à travers ses États. Il partit de Rome le 4 mai et se dirigea d’abord vers l’Ombrie. Son voyage, qui dura quatre mois, fut une véritable marche triomphale, au grand dépit des révolutionnaires. Partout sur son passage Pie IX laissa des témoignages de sa munificence ; partout aussi son peuple le reçut avec enthousiasme et joie.

À Pérouse, le Saint-Père ouvrit un institut agricole pour les enfants pauvres ; à Bologne il acheta, à même sa cassette particulière, la collection polyglotte de feu le cardinal Mezzofanti et en fit don à la bibliothèque publique de la ville ; il enrichit le musée numismatique de Ferrare d’une précieuse collection de monnaies pontificales. Dans son ancien diocèse d’Imola, il fit agrandir le monastère du Bon-Pasteur. À Forli il établit une maison de refuge pour apprendre aux enfants indigents les arts mécaniques. À Sinigaglia, ville qui l’avait vu naître, il éleva, à ses propres frais, un hospice pour les malades et les orphelins. Ancône doit à cette visite du Pape son magnifique observatoire.

Il revint à Rome le 5 septembre, après avoir visité les duchés de Toscane et de Modène.

Avant de terminer ce chapitre, il convient peut-être de dire un mot de l’affaire Mortara, oubliée aujourd’hui, mais autour de laquelle la presse et la diplomatie moderne firent un bruit indescriptible en 1858. Voici comment M. Louis Veuillot raconte l’affaire : « Conformément à la loi de l’Eglise et à la loi de l’État pontifical, un enfant né juif avait été retiré de la maison paternelle, parce que, baptisé en péril de mort, il appartenait à Jésus-Christ. L’enfant, recueilli à Rome, était élevé aux frais du Saint-Père, séparé de sa famille, mais non séquestré, et ses parents le pouvaient voir autant qu’ils le voulaient. » Voilà tout, et cependant la « civilisation moderne » s’en émut : la « civilisation moderne, » qui foule aux pieds à chaque instant les droits les plus sacrés de la famille et qui confie à l’État l’âme et le corps des enfants !