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Père ne cessa de prier pour ses persécuteurs. En sortant de Terracine, il me pria de l’avertir quand nous serions à la frontière de l’État romain et du royaume de Naples. Lorsqu’il eut entendu de ma bouche ces mots : Saint-Père, nous y sommes ; il versa des larmes et récita le Te Deum. »

Durant sa fuite, Pie IX portait sur lui le très-saint Sacrement dans une petite pyxide qui avait appartenu à Pie VI et dans laquelle l’illustre prisonnier du Directoire portait la Sainte-Eucharistie pendant ses pérégrinations à travers la France.

À neuf heures et demie, le 25 novembre, les fugitifs arrivèrent à Gaëte, dans le Royaume de Naples. L’évêque de Gaëte étant absent, son domestique ne voulut point recevoir des voyageurs qu’il ne connaissait pas et Pie IX fut obligé de chercher un refuge dans une petite maison appelée l’Auberge du Jardinet.

Avant d’arriver à Gaëte, Pie IX avait expédié le comte de Spaur auprès du roi de Naples, Ferdinand II, avec une lettre informant le roi qu’il quitterait immédiatement le territoire napolitain si sa présence pouvait devenir un sujet de différends politiques.

Ferdinand II fit à Pie IX un accueil magnifique : il lui offrit l’hospitalité de Gaëte, endroit retiré et paisible, mit un palais à sa disposition et pourvut largement aux besoins des cardinaux, des ambassadeurs et des autres personnes qui avaient suivi le Pape dans son exil. En un mot, ce pieux monarque, quoique le moins puissant de l’Europe, se comporta en grand roi et en roi chrétien.



CHAPITRE XII.

Pie IX exilé.


À peine installé à Gaëte, Pie IX lança une protestation, adressée à ses sujets et à l’univers, contre les révolutionnaires qui l’avaient chassé de sa capitale. Il nomma en même temps une commission chargée de la direction temporaire des affaires publiques à Rome. Les clubs firent une tentative hypocrite pour engager le Pape à revenir dans ses États. Pie IX refusa de recevoir leur députation, attendu que la commission qu’il avait nommée était capable de gérer les affaires du royaume et que les Romains devaient commencer par reconnaître l’autorité de cette commission. Loin de se soumettre, les séditieux décla-