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VIE DE PIE IX,

Pie IX tenait en l’année 1848, lorsque les plus fortes têtes de l’Europe étaient tournées.

Est-il surprenant que le Pape ait rompu, non avec la révolution, car il ne lui a jamais cédé un pouce de terrain, un iota de son droit, mais avec les hommes de la révolution qui voulaient servir deux maîtres à la fois ? Le 8 août 1848, Mamiani remit son portefeuille au comte Fabri, mais il resta l’inspirateur du nouveau cabinet qui ne vécut qu’un mois environ. Fatigué du rôle auquel est astreint le monarque constitutionnel, celui de couvrir de son nom des actes dont il n’est pas responsable, Pie IX résolut de ne consulter, dans le choix de ses ministres, que le bien de la religion et du pays. Il appela au Quirinal le comte Pellegrino Rossi, révolutionnaire converti, qui ayant compris, dit Veuillot, que la cause de la liberté italienne était la cause même de la Papauté, eut la gloire de donner sa vie pour la vérité qu’il avait longtemps méconnue.



CHAPITRE IX

Les assassins de Rossi.


Rossi ne se chargea pas sans hésitation de la lourde mais glorieuse tâche que lui imposait le Pape. Mais se soumettant enfin à la volonté de Dieu, il accepta la présidence du conseil le 16 septembre 1848. Ayant pris pour collègues les cardinaux Soglia et Wizzardelli, le duc de Rignano, l’avocat Cicognani, le professeur Montanari, le comte Guarini et M. Riglietti, il fit preuve d’une grande activité et de grands talents administratifs. Il mit ordre aux finances, réorganisa les États romains et entama des négociations à Naples, à Turin et à Florence pour mettre à exécution un projet patriotique, dont tout le mérite, il l’avouait lui-même, revenait à Pie IX. Ce que Rossi proposait, c’était une confédération italienne, dont le Pape serait le chef et qui, tout en établissant l’unité de la Péninsule sur des bases solides, laisserait à chaque État toute son autonomie. C’était une confédération défensive et non une ligue aggressive qu’on se proposait de fonder. Mais le Piémont, qui rêvait déjà sans doute une autre unité italienne, une unité fruit de la conquête, empêcha la réalisation du projet en posant la condition arbitraire que le royaume de Naples, le plus important des États de l’Italie, serait exclu de la confédération.