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VIE DE PIE IX,

des Lombards et des Vénitiens qui étaient, à cette époque, sous la domination autrichienne. Il écrivit, le 3 mai 1848, à l’empereur d’Autriche, une lettre comme seuls les papes en savent écrire aux rois, parce qu’eux seuls se sentent au-dessus des rois. Voici les principaux passages de ce document qui venge Pie IX de l’accusation d’indifférence et de trahison à l’égard de l’Italie :

« Au milieu des guerres qui ensanglantent le sol chrétien, dit Pie IX à l’empereur d’Autriche, on vit toujours le Saint-Siège faire entendre des paroles de paix… Que Votre Majesté ne trouve donc pas mauvais que Nous Nous adressions à sa piété et à sa religion l’exhortant, avec une affection toute fraternelle, à retirer ses armes d’une guerre qui, sans pouvoir reconquérir à l’empire, les cœurs des Lombards et des Vénitiens, amène à sa suite la funeste série des calamités, cortège ordinaire de la guerre, et que très-certainement abhorre et déteste Votre Majesté, Que la généreuse nation allemande ne trouve pas mauvais que Nous l’invitions à étouffer tout sentiment de haine et à changer en utiles relations d’amical voisinage une domination sans grandeur, sans résultats heureux, puisqu’elle reposerait uniquement sur le fer.

« Nous en avons donc la confiance, cette nation, si légitimement fière de sa nationalité propre, ne mettra pas son honneur dans de sanglantes tentatives contre la nation italienne ; elle le mettra bien plutôt à la reconnaître noblement pour sœur ; elles sont toutes deux nos filles bien chères à notre cœur, et nous aurons la joie de voir chacune d’elles, satisfaite de ses frontières naturelles, y demeurer en paix, méritant par des actes dignes d’elles la bénédiction du Seigneur. »

Peut-on concevoir, un langage plus noble, plus royal, plus patriotique ? Mais l’Autriche n’a point voulu écouter la voix du Pape. Dans son entêtement, elle a continué la guerre. Aussi le châtiment a-t-il été prompt à venir. Attaquée d’abord par la France, plus tard par la Prusse, cette nation si fière a été défaite, amoindrie, humiliée. C’est qu’il n’est pas plus permis aux peuples qu’aux individus de méconnaître les enseignements et les conseils de celui que Dieu a placé sur la terre pour guider et conduire le monde.

Les armées autrichiennes, s’avançant toujours, culbutèrent les troupes de Charles-Albert, roi de Piémont. La petite armée romaine, sous le commandement de Durando, ayant franchi les frontières, fut également repoussée par les Autrichiens qui occupèrent de nouveau la ville de Ferrare. La déroute des troupes