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d’accorder des constitutions à leurs sujets et que la République était déclarée à Paris. Le peuple romain, non content des vraies libertés dont il jouissait déjà, voulait lui aussi avoir une constitution.

Sur ces entrefaites, le cardinal Ferretti ayant donné sa démission, avait été remplacé à la tête des affaires par le cardinal Antonelli. Se rendant aux désirs du peuple, le Pape appela au ministère trois laïques MM. Minghetti, Sturbinetti et Galetti, trois clubistes de Mazzini, mais que l’on considérait comme les plus inoffensifs des agitateurs.

À peine le nouveau ministère était-il installé que la populace, pour marquer sa reconnaissance, fit une attaque contre la maison des jésuites. Voyant que leur présence ne servait qu’à aigrir le peuple, les jésuites se dispersèrent, au grand regret de Pie IX qui leur témoigna solennellement son estime.

Le 30 mars, le Pape fit publier, sous le nom de statut fondamental, la constitution que le peuple demandait. “Nous aurions aimé, disait-il, dans le décret de promulgation, laisser à l’expérience le temps de se prononcer sur les résultats de la représentation provinciale dont, les premiers en Italie, nous avions gratifié nos États mais puisque les princes, nos voisins, ont jugé que leurs sujets sont mûrs pour une constitution plus étendue, nous ne voulons pas tenir nos peuples en moindre estime ni compter moins sur leur reconnaissance."

Comme beaucoup d’autres rois à cette époque, Pie IX ne cédait qu’à la force des circonstances ; mais seul il eut le courage de le dire. Du reste il ne faut pas supposer que la constitution romaine ressemblait en tous points aux constitutions des autres pays.

Le collège des cardinaux formait le sénat ; il était défendu au corps législatif de voter aucune loi touchant les affaires ecclésiastiques ou contraire aux règlements de l’Église ou de nature à changer la constitution ; le Pape se réservait le droit de sanctionner les lois et de dissoudre le corps législatif et il maintenait les lois de la presse. On le voit, c’était une constitution très-conservatrice.

Malgré ses préoccupations de prince temporel, Pie IX ne négligeait point les affaires de l’Église. Condamnation de l’hérésie herménienne en Prusse, règlement de plusieurs questions importantes dans les missions lointaines, institution d’un patriarcat latin à Jérusalem, d’un archevêché à Babylone et d’un archevêché nouveau et de trois évêchés aux États-Unis, appel en faveur de l’Irlande affamée, concordat avec l’Espagne pour