Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pagne : je vous donnerai toutes ces choses si, vous prosternant devant moi, vous m’adorez.” Les révolutionnaires, fils de Satan, adressaient au Pape, vicaire du Christ, ce même langage perfide, et la réponse du Christ fut celle de son vicaire : Retro Satanas ! Arrière de moi, Satan !

Durant l’été de 1847 la révolution, inspirée par Mazzini et aidée par lord Minto, l’envoyé de lord Palmerston, fit des progrès alarmants à Rome et dans les autres États italiens. Le peuple romain était dans la plus grande effervescence grâce aux discours incendiaires qui se débitaient dans les clubs ou réunions populaires. Aux cris de : “Vive Pie IX” on ajoutait régulièrement celui de : “A bas les Jésuites ! Vive l’Italie,” on faisait suivre l’hymne de Pie IX d’une espèce de marseillaise italienne,

Secoue, ô Rome, la poussière indigne, etc.,

on proférait des cris de mort contre les rétrogrades. “Hélas ! — disait Pie IX, en voyant la fureur aveugle du peuple, — au dimanche des Rameaux, va succéder la semaine de la Passion.”

Des complications étrangères vinrent exciter davantage les révolutionnaires. L’Autriche en vertu du traité de 1815 s’était attribué le droit de mettre une garnison dans les places de Ferrare et de Commanchio qui appartenaient au Saint-Siège. Il est vrai que le Saint-Siège avait protesté contre cette clause du traité et que l’Autriche n’usait que très-rarement de ce prétendu droit. Mais en juillet 1847, l’Autriche, voyant avec alarme les mouvements révolutionnaires, crut devoir envoyer des troupes à Ferrare prendre possession non seulement de la forteresse mais de la ville même. C’était une violation du traité que rien ne justifiait et le Pape dut protester, par l’organe du cardinal Ciacchi, légat apostolique à Ferrare, contre cette invasion de son territoire.

L’Autriche céda après quelques hésitations, et retira ses troupes. Mais le mal était fait. Les révolutionnaires, profitant de cet incident, voulurent mettre le Pape en tête d’une croisade contre l’Autriche. Le Saint-Père indigné expliqua au peuple, dans une proclamation en date du 10 février, 1848, “qu’il n’existe aucun motif avouable à la guerre.”

Cependant, la milice civique, seul appui du Pape, se montrait infidèle ; elle avait substitué les couleurs révolutionnaires à celles du souverain Pontife et elle laissait insulter les jésuites par la populace.

En même temps on apprenait que les princes d’Italie venaient