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et l’on ne lui a jamais connu de goût pour la vie militaire[1]. Au contraire, il songeait à combattre les combats pacifiques du Seigneur ; il soupirait après la gloire d’être au nombre des soldats du Christ qui essuient les larmes et qui ne les font pas couler.

Mais une maladie cruelle et opiniâtre, l’épilepsie, le tourmentait et semblait devoir lui fermer à jamais la carrière du sacerdoce. Néanmoins, il se rendit à Rome en 1809 et demeura au Quirinal avec son oncle, Mgr Paulin Mastaï. Il reçut la tonsure, mais il fut bientôt forcé par les troubles qui bouleversaient à cette époque la ville éternelle, de retourner dans sa ville natale. Là il mena une vie studieuse jusqu’en 1814, date de la rentrée triomphale de Pie VII dans ses États. Il fut présenté au Pontife victorieux lors de son passage à Sinigaglia.

Guéri presque entièrement vers cette époque, contre tout espoir humain, il attribua son rétablissement à la protection de la Sainte-Vierge à qui sa mère l’avait consacré. Il se rendit de nouveau à Rome et entra dans l’Académie ecclésiastique. Voulant travailler au salut des âmes, il obtint la permission de se joindre à des prêtres qui allaient donner une mission à Sinigaglia. Ce fut donc dans sa ville natale et sous les yeux ravis de sa pieuse mère, que l’abbé Mastaï commença ses travaux évangéliques.

De retour à Rome, sa santé s’étant améliorée, il fut promu au sous-diaconat, puis au diaconat le 18 décembre 1818.

L’état de sa santé inspirait toujours des craintes : il lui fallut une dispense pour être reçu prêtre et l’on dut l’astreindre à une condition : celle de ne célébrer la messe qu’assisté d’un autre prêtre. Confiant dans la bonté de Pie VII, le jeune lévite se jeta aux genoux du souverain Pontife et le supplia de lui permettre de dire la messe seul comme les autres prêtres. Le prenant par la main et le relevant avec affection, Pie VII prononça ces paroles prophétiques : « Oui, nous voulons vous faire encore cette grâce, et d’autant plus que nous croyons que désormais ce mal cruel ne vous tourmentera plus. » À partir de ce jour la maladie disparut entièrement.

  1. Voir Villefranche, Pie IX, sa vie, son histoire, son siècle ; Saint-Albin, Histoire de Pie IX ; les Célébrités catholiques, etc.