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LE CONCLAVE.

Chaque bulletin passe successivement sous leurs yeux et dans leurs mains. Le premier scrutateur le tire du calice et l’entrouve pour lire le nom du candidat, en respectant, le nom de l’électeur. Il le passe ensuite au second scrutateur qui fait de même ; le troisième publie à haute voix le nom de l’élu. À mesure que les noms sont proclamés, les Cardinaux les inscrivent sur une liste disposée à cet effet ; et, dès que le dépouillement est terminé, chacun additionne le nombre de votes obtenus. Pendant ce temps le dernier scrutateur prend une à une les cédules, et, à l’aide d’une forte aiguille, il les pique au mot Eligo et les fait passer sur un fil de soie dont il noue les deux extrémités ensemble. Le tout est déposé sur la table pour servir au suffrage d’accession, s’il y a lieu. Je dis s’il y a lieu ; car si, dans la répartition des votes, l’un des Cardinaux a obtenu les deux tiers des voix, d’après les constitutions de Grégoire XV, le Conclave est terminé et le Pape canoniquement élu.

Mais dans le cas le scrutin n’a pas fourni le nombre voulu de suffrages pour d’élection, on procède immédiatement à l’accession.

Lorsque ce second vote est terminé, on proclame les voix nouvelles données à chacun des élus, et l’on réunit en une somme totale les votes obtenus par chaque Cardinal dans le scrutin et dans l’accession.

Si aucun Cardinal n’a atteint le nombre suffisant, la séance est levée. Mais, avant que le sacré Collége se sépare, les cédules ou bulletins sont brûlés dans le poêle placé derrière l’autel. Il en résulte une fumée qui s’échappe par un tuyau de cheminée qu’on aperçoit par en dehors. C’est le signe qui indique la fin de la séance.

Si, au contraire, après le dépouillement de l’accession, un Cardinal est parvenu au chiffre voulu, les scrutateurs vérifient les derniers bulletins et, s’ils sont reconnus valides, le Pape est canoniquement élu ; il ne reste plus qu’à obtenir son assentiment.

Dès que le Pape a été élu, le Cardinal doyen agite une sonnette. Ce signal avertit les maîtres des cérémonies d’entrer dans la chapelle ; le secrétaire du sacré Collége entre avec eux. Ils viennent tous se placer auprès du doyen. Celui-ci, escorté par eux, et entouré des Cardinaux, chefs d’ordre, s’approche du Pape élu, et lui demande s’il donne son consentement au choix qui vient d’être fait.

Aussitôt que l’élu a donné son assentiment[1] et pendant que le secrétaire du sacré Collége en dresse l’acte public, et y inscrit le nom qu’il a déclaré prendre, tous les baldaquins placés au-dessus des sièges des Cardinaux s’abaissent ; seul, celui du nouveau Pape reste en place, et les deux Cardinaux, ses plus proches voisins, s’écartent de sa personne par respect pour sa nouvelle et émi-

  1. Si, par hasard, l’élu ne voulait pas donner son consentement, soit par humilité soit pour un motif quelconque, il serait dressé note de ce refus, et l’on procéderait à une nouvelle élection.