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LE CONCLAVE.

s’opposent à l’élection ; par exemple, dans le cas où le nom d’aucun candidat ne peut atteindre la majorité prescrite. Les membres du sacré Collége peuvent alors s’en rapporter au choix de quelques-uns d’entre eux qui seuls désigneront le Pape.

Pour que le Compromis soit légitime, il est nécessaire que tous les Cardinaux présents y consentent — l’opposition d’un seul l’annulerait, — et, que d’un commun accord, ils aient réglé et signé les conditions du redoutable mandat qu’ils délèguent. Ils doivent, par exemple, exprimer, si ceux auxquels ils donnent leur confiance, feront la nomination, sans rien révéler de leurs intentions à leurs collègues ; ou bien si, avant d’arrêter leur choix, ils le feront connaître à quelques-uns d’entre eux ; si la majorité des voix des Cardinaux désignés pour faire l’élection sera suffisante, ou si l’unanimité sera exigible ; enfin, telles autres conditions qui seraient jugées utiles.

Le mode d’élection par voie de Scrutin et d’Accession est le plus naturel et le plus simple ; c’est celui qui se pratique ordinairement. Aussi la sagesse de l’Église l’a-t-elle entouré des plus sages comme des plus minutieuses précautions.

Avant d’indiquer comment il a lieu, il importe : 1. de faire connaître la disposition de la chapelle durant les séances d’un Conclave ; aussi bien, cette disposition convient exclusivement au mode d’élection par voie de Scrutin. 2. Il est nécessaire de dire quelques mots des bulletins de Scrutin et d’Accession.

Des deux côtés de la chapelle sont disposés les sièges des Cardinaux. Au-dessus de chacun des sièges se dresse un petit baldaquin, ou espèce de dais, semblable à celui qui surmonte ordinairement le trône du Pape. Tous les Cardinaux présents, étant susceptibles d’être élus au Souverain-Pontificat, ils sont tous traités avec le même honneur. Ces baldaquins, l’un des symboles de la Papauté, sont retenus par un simple cordon, afin de pouvoir être facilement abaissés aussitôt que le Souverain-Pontife sera élu : seul alors, il conservera le sien.

Au milieu de la chapelle, est une table à pupitre. C’est à cette table que chaque Cardinal doit venir écrire son vote. Elle est placée de telle sorte que l’électeur est vu de tous, mais que personne ne peut lire ce qu’il écrit.

Deux autres tables sont à peu de distance. Sur l’une se trouvent des bassins d’argent contenant les billets de scrutin et d’accession, une bourse pleine de petites sphères de bois, sur lesquelles sont inscrits les noms des membres du sacré Collége, une cassette également de bois, et divers autres objets. Un simple tapis couvre la seconde table. Les cardinaux scrutateurs devront s’y tenir au moment du dépouillement des votes.

Au fond de la chapelle est l’autel. Au milieu de l’autel brille un grand calice d’argent sur le pied duquel est gravée l’image du Saint Esprit avec, les armes du Saint-Siège vacant ; une large patène recouvre le calice.

Enfin, derrière l’autel est un petit poêle destiné à recevoir les bulletins des votes, dans les cas où ils n’auraient pas atteint la