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POUR LA PATRIE

faut pas être plus conservateur que le chef du parti.

C’est ainsi que le radical Montarval était devenu député conservateur. La Nouvelle-France ayant hasardé une simple observation sur la facilité avec laquelle le parti conservateur absorbait et s’assimilait les aliments les plus indigestes, il y eut dans la presse un tollé général contre Leverdier. Pendant quinze jours on le traita, dans les deux langues, de grossier, de mal appris, d’hypocrite, de jaloux, d’ambitieux, etc. Même la Libre-Pensée, qui avait abîmé Montarval pour s’être fait réactionnaire, fournit sa bonne part à ce concert malsonnant d’imprécations.

Vaughan lia conversation avec son voisin ; et comme on parle volontiers de ceux qu’on aime, il voulut entretenir le nouveau député de leur collègue absent, Lamirande. À la mention de ce nom, il remarqua dans les yeux de Montarval une telle expression de haine qu’il se sentit glacé.

— Décidément, se dit-il en lui-même, notre nouveau collègue n’est pas un homme sympathique ! Quelle différence entre Lamirande et lui ! Lamirande attire, celui-ci repousse. Les