Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
POUR LA PATRIE

cœur, rempli jusqu’ici de sentiments vagues, émet un vœu aussi nettement formulé.

Les convives se mettent à table, et bientôt Vaughan, entraîné par le tourbillon de la conversation, oublie son trouble de tout à l’heure. Il est devenu, encore une fois, l’homme du monde affable, correct, spirituel mais sceptique.

Au dîner, Vaughan se trouve placé à côté de M. Aristide Montarval, député de la ville de Québec. Une élection partielle avait eu lieu au commencement de décembre, par suite de la démission inexpliquée du député siégeant ; et Montarval qui, jusque-là, ne s’était guère mêlé de politique et qui passait pour un radical avancé, s’était tout à coup présenté comme conservateur contre un autre conservateur de vieille date. À la surprise générale, sir Henry l’avait accepté, lui nouveau converti, comme candidat ministériel, de préférence à son concurrent. Ce titre de candidat ministériel, joint à l’appui des radicaux qui ne semblaient pas trop froissés de le voir se présenter comme conservateur, lui avait valu un éclatant triomphe qui ne laissa pas d’intriguer le monde politique. Cette élection, sur laquelle il plane