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POUR LA PATRIE

athée militant. Il ne niait pas l’existence d’un Dieu Créateur. Il lui semblait même qu’il devait y avoir un Principe universel quelconque. À la rigueur, il pouvait passer pour déiste. À ceux qui lui parlaient du monde surnaturel il répondait invariablement : « je ne nie rien et je n’affirme rien. »

Cependant, après s’être lié avec Lamirande, il avait étudié la religion catholique ; et à l’époque où nous le voyons il la connaissait mieux que bien des catholiques. Il répétait souvent, comme nous l’avons entendu dire ce soir, que s’il y avait quelque chose de vrai en fait de surnaturel, c’était la doctrine de l’Église. Mais s’il avait la science que l’homme peut acquérir par ses forces naturelles, il n’avait pas la foi que Dieu seul communique à l’âme par la grâce. Ses entretiens avec Lamirande sur la religion le troublaient toujours ; néanmoins, il n’aurait pas voulu y renoncer pour la plus belle fortune du monde, car tout incroyant qu’il était, la foi de son ami le fascinait. Ce soir, il est plus tourmenté qu’à l’ordinaire.

— « Ah ! se dit-il avec un soupir, en rentrant chez sir Henry, si je pouvais croire comme Lamirande ! » C’est la première fois que son