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POUR LA PATRIE

clus aux bords des chemins où Jésus devait passer. Portons les perclus spirituels, ceux qui n’ont pas la foi, portons-les par nos prières et nos bonnes œuvres au-devant du divin Maître afin qu’il les guérisse !

Pendant que les deux croyants s’entretenaient ainsi en regagnant leur appartement, Vaughan s’en allait lentement du côté opposé. Il était pensif. Les paroles de Lamirande l’avaient étrangement bouleversé. Un malaise vague, indéfinissable, comme le pressentiment d’un malheur, l’oppressait. Des aspirations confuses, qu’il ne pouvait pas analyser, agitaient son âme.

George Vaughan avait rencontré Lamirande plusieurs années auparavant dans un voyage à Québec. Dès les premières paroles échangées il s’était établi entre eux une vive sympathie. Tous deux possédaient un caractère franc, loyal, ouvert ; tous deux éprouvaient de l’attrait pour la vraie politique et une invincible répulsion pour cette politique de contrebande dont la base est la corruption et dont le principal moyen d’action est l’intrigue. Mais là se bornaient la ressemblance entre eux.