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POUR LA PATRIE

tu partages toutefois ses idées, tu soutiens ses projets, librement et honnêtement, soit ; mais ces idées et ces projets, sir Henry ne les fait prévaloir que grâce à ces abominables manigances que tu condamnes avec tant de chaleur. Cela ne te fait-il pas douter un peu de la bonté de ces idées et de ces projets ? N’est-il pas raisonnable de dire que ce qui est vraiment bon n’a pas besoin, pour réussir, de ces moyens ignobles ?

— Je condamne ces moyens et je ne voudrais jamais les employer moi-même ; mais je reconnais qu’il est difficile d’obtenir un succès quelconque dans le monde politique sans y avoir recours, à cause de l’esprit de vénalité qui règne partout.

— Et la fameuse dignité humaine, qu’en fais-tu ?

— Si tout le monde avait le sentiment de cette dignité, elle suffirait ; mais tout le monde ne l’a pas.

— Pourquoi tout le monde ne respecte-t-il pas cette dignité humaine, puisque ce sentiment est purement naturel ? Pourquoi tous les hommes ne sont-ils pas honnêtes ?

— Le sais-je, moi ! Pourquoi tous les hom-