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POUR LA PATRIE

n’est pas mon chef. J’ai des idées politiques qui me guident, mais des chefs politiques me mènent, je n’en ai pas. Du reste, tu sais jusqu’à quel point j’abhorre ces abominables manigances qu’on appelle la diplomatie. Tout cela est honteux et indigne de la nature humaine.

— Pourtant, mon pauvre ami, la nature humaine devient l’esclave de ces manigances du moment que la religion cesse de la soutenir et de la fortifier.

— Sans vouloir me vanter, je puis dire que le seul respect de ma dignité humaine me protège contre ces bassesses.

— Tu n’as pas fini de vivre. Attends l’avenir avant de te prononcer définitivement. Tu n’as peut-être pas encore rencontré une tentation sérieuse sur ta route. Pour moi, je suis convaincu que, tôt ou tard, tu te jetteras, soit dans les bras de l’Église, soit dans quelque abîme effroyable. Car le sentiment de sa dignité, sans la grâce divine, ne saurait soutenir l’homme et le prémunir contre les chutes jusqu’au bout de sa carrière. Mais parlons politique… Tu n’as pas de chef, dis-tu ; tu renies sir Henry et ses procédés ;