Et prenant Lamirande par le bras, il s’éloigna avec lui.
Le baron de Portal et Leverdier allèrent s’asseoir sur une causeuse. Leur entretien nous renseignera sur l’état politique du Canada en l’an de grâce 1945.
— Je m’intéresse beaucoup à votre pays, dit le baron, mais j’avoue que vos affaires politiques m’intriguent quelque peu. Où en êtes-vous à l’heure présente ? Je sais vaguement que le Canada était naguère colonie britannique et qu’il ne l’est plus. Expliquez-moi donc cela, je vous en prie, monsieur le journaliste.
— Volontiers, reprit Leverdier. La chose est bien simple. Depuis quelques années, vous le savez comme moi, l’Angleterre, jadis si fière, est tombée au rang des puissances de troisième ordre. À l’extérieur, elle a perdu les Indes, ou à peu près. La Russie ne tardera pas à s’emparer de ce qui lui reste de son empire oriental. En Afrique, l’Allemagne lui arrache ses colonies, morceau par morceau. L’Australie a secoué le joug impérial. L’Irlande vient de reconquérir son entière indépendance. L’Écosse s’agite de nouveau ; et,