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POUR LA PATRIE

de causer une véritable douleur, douleur délicieuse cependant. Il nous semble que quelque chose va se briser en nous, qu’une partie de notre être va nous quitter pour se lancer dans les espaces. Lutte mystérieuse et enivrante de l’âme immortelle contre le corps qui la tient captive et enchaînée ; lutte que tous doivent éprouver quelquefois ; lutte qui se produit indépendamment de notre volonté ! Qui n’a pas été ainsi bouleversé tout à coup, soit dans un moment de ferveur ; soit en entendant de la belle musique, surtout les chants de l’Église ; soit en présence de la grande nature, des beautés du firmament, ou de quelque acte de sublime dévouement chrétien ? Ah ! c’est notre âme qui entend la voix de son Créateur et qui se lance instinctivement vers Lui !

Lamirande et Leverdier étaient en proie, tous deux, à ces profondes émotions, et ils marchaient en silence.

— Nous voici, dit enfin Leverdier. C’est le moment de nous réfugier en lieu sûr. Et les deux amis récitèrent ensemble, à mi-voix, le Sub tuum.

— Rien ne nous presse, fait Lamirande, di-