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POUR LA PATRIE

conciliabule plus petit encore ; les nuits se passent en dîners et en bals.

Un mois s’est écoulé depuis la rencontre de Lamirande et de Montarval, dans la masure de la rue de l’Ancien-Chantier.

La neige couvre le sol. Ce manteau, d’une blancheur éclatante, a caché la boue, l’herbe desséchée et les feuilles mortes. La terre tout à l’heure désolée, noire et souillée, est maintenant belle et pure ; elle resplendit et renvoie au ciel un reflet des clartés quelle en reçoit. Belle neige ! image de la miséricorde divine qui couvre d’un vêtement immaculé les laideurs de l’âme pécheresse mais repentante. Ce n’est plus l’innocence baptismale ; ce n’est plus le printemps avec ses tendres fleurs, ses doux gazouillements d’oiseaux, ses murmures de mille ruisseaux, ses brises embaumées, ses bruissements de feuilles, son encens exquis, sa musique suave comme la prière de l’enfance. Non rien n’est comparable à la beauté printanière ni à l’innocence de l’âme régénérée que le souffle du péché n’a point ternie. Mais quand les ardeurs de l’été ont brûlé la terre, quand les pluies et les tempêtes de l’automne l’ont couverte de boue et jonchée des dé-