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POUR LA PATRIE

que Lamirande était auprès d’elle et que, sans être malheureuse lorsqu’il n’y était pas, elle attendait toujours son arrivée avec impatience.

Ce même soir du mois de juin, à l’heure du crépuscule, Marguerite fit à Hélène la douce confidence de son bonheur. Un sanglot navrant et une expression d’indicible douleur firent comprendre à Marguerite ce que jusque-là Hélène elle-même avait à peine soupçonné.

— Pauvre sœur ! s’écria l’aînée en ouvrant ses bras à l’enfant.

Hélène s’y jeta et pleura longtemps. Enfin elle put murmurer :

— Tu as surpris un secret que j’ignorais presque moi-même… Qu’il n’en soit plus jamais question, même entre nous. Oublie ce que tu as vu ; ou si tu ne peux l’oublier, n’y pense qu’en priant pour moi… Mon cœur est brisé, mais avec la grâce de Dieu il ne deviendra pas coupable. Prie pour moi, chère Marguerite, afin que je ne t’envie jamais ton bonheur !

Marguerite ne put que répéter en serrant l’enfant sur son cœur :

— Pauvre sœur ! Pauvre sœur !