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POUR LA PATRIE

tion, dit à son compagnon : « Nous sommes heureux, n’oublions pas les malheureux. Parmi ceux que nous aimons il y en a peut-être que la douleur accable. Entrons dire un Ave Maria pour celui ou celle des nôtres qui souffre le plus en ce moment ».

Sans aucun doute ce fut pour la sœur unique de Paul que les deux amis, sans le savoir, offrirent leur courte mais fervente prière.

Hélène Leverdier avait seize ans. Joyeuse, enjouée, charmante, ses grands yeux gris riaient toujours et n’avaient jamais pleuré depuis la mort de son père. Elle était la vie de la maison. Quelles rêveries innocentes passaient par cette jeune tête ? Nul n’aurait pu les deviner ; elle-même n’aurait guère pu les définir. Lamirande la regardait comme une enfant et la traitait comme si elle eût été réellement la sœur de celle qu’il voulait épouser. Voyait-elle que Lamirande et Marguerite s’aimaient ? Aimait-elle cet homme grave, plus âgé qu’elle de près de dix ans ? Savait-elle seulement ce que c’est que l’amour ? Elle n’aurait probablement pas pu répondre à ces questions. Elle ne s’était rendu compte que d’une chose, c’est qu’elle était parfaitement heureuse lors-