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POUR LA PATRIE

peut-être à te proposer la fondation d’un journal…

— Cependant, je ne me trompe pas, dit avec impétuosité le jeune homme.

— Eh bien ! mon cher ami, répondit Lamirande, devenu grave, tu ne te trompes pas. Je ne puis te dire combien je suis heureux de voir que ce projet t’agrée. J’avais peur…

— Tu avais peur de quoi ? Tu es trop sincère pour dire que tu ne te croyais pas digne d’entrer dans notre famille ! De quoi donc avais-tu peur ?

— Toi qui es si bon devineur, tu dois être capable de te l’imaginer.

— Non, j’avoue qu’ici je perds mon latin entièrement.

— Je craignais de trouver en toi un rival !

— Un rival !

— Mais oui ! tu n’ignores pas que Marguerite n’est pas plus ta sœur qu’elle n’est la mienne ; et je ne conçois pas qu’on puisse la connaître comme tu la connais sans l’aimer… comme je l’aime.

— Si c’est là toute ta crainte, rassure-toi. J’aime ma grande sœur Marguerite comme ma jeune sœur Hélène, et pas autrement. L’idée