On ne saurait contester l’influence immense qu’exerce le roman sur la société moderne. Jules Vallès, témoin peu suspect, a dit : « Combien j’en ai vu de ces jeunes gens, dont un passage, lu un matin, a dominé, défait ou refait, perdu ou sauvé l’existence. Balzac, par exemple, comme il a fait travailler les juges et pleurer les mères ! Sous ses pas, que de consciences écrasées ! Combien, parmi nous, se sont perdus, ont coulé, qui agitaient au-dessus du bourbier où ils allaient mourir une page arrachée à la Comédie humaine… Amour, vengeance, passion, crime, tout est copié, tout. Pas une de leurs émotions n’est franche. Le livre est là. »[1]
Le roman est donc, de nos jours, une puissance formidable entre les mains du malfaiteur littéraire. Sans doute, s’il était possible de détruire, de fond en comble, cette terrible invention, il faudrait le faire, pour le bonheur de l’humanité ; car les suppôts de Satan le feront toujours servir beaucoup plus à la cause du mal que les amis de Dieu n’en pourront tirer d’avantages pour le bien. La même chose peut se dire, je crois, des journaux.
- ↑ Citation du Père Fayollat.