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POUR LA PATRIE

langage humain ne saurait décrire, remplirent la modeste cellule.

Nous savions tout de suite, m’ont raconté les moines, que cette harmonie et ce parfum venaient du ciel, parce que c’était notre âme qui les percevait d’abord, les communiquant ensuite à nos sens, au contraire de ce qui se produit ordinairement. C’était quelque chose de vraiment indéfinissable et indescriptible. Puis — je laisse la parole aux pères — puis, cette harmonie et ce parfum augmentant toujours, non d’intensité mais de suavité, nous vîmes, d’abord intérieurement pour ainsi dire, puis des yeux de notre corps, se former au-dessus du lit comme des nuages d’une blancheur éclatante, et, au milieu des nuages, la figure d’une enfant de huit à dix ans, figure bien humaine par ses traits, mais portant un reflet de la lumière de gloire. Et l’enfant parla, ses paroles parvenant à nos oreilles, d’une manière mystérieuse, par notre âme : « Père, dit-elle, l’Enfant-Jésus m’a envoyée vous chercher. Venez ! » Et le frère Jean, ouvrant les yeux, se soulevant à demi, étendant ses bras vers la céleste apparition, s’écria : « Ma fille ! Enfin ! Merci, mon Dieu ! »