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POUR LA PATRIE

longtemps ? Ne serait-ce pas une sorte de profanation ? J’eus la force de retenir ma langue.

Mais il faut en finir. Dans les derniers jours de janvier, le frère Jean tomba gravement malade. Il se prépara admirablement à la mort et fit preuve d’une résignation héroïque. Bien que ses souffrances fussent sans doute atroces, jamais la moindre plainte ne lui échappa, jamais il n’eut le plus léger mouvement d’impatience. Une certaine contraction musculaire, et tout involontaire, indiquait seule les douleurs qu’il éprouvait. Les moines étaient dans l’admiration. Ils voyaient que c’était un véritable saint qui les quittait. Aussi entouraient-ils son lit d’agonie d’un profond respect. Au moment suprême, le chef de la maison et plusieurs des pères étaient auprès du frère mourant, récitant les prières des agonisants et répétant, pour lui, les noms de Jésus, de Marie et de Joseph. Ses yeux étaient fermés, il respirait à peine, mais ses traits crispés par la souffrance disaient que la vie n’était pas éteinte. Tout à coup, une harmonie angélique et un parfum non moins céleste, qu’aucun