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POUR LA PATRIE

autres, avaient encore réellement quelque chose à dire, et ils parlèrent avec, chaleur.

Le matin du 26 mars se lève gris et terne. La pluie a cessé, mais un brouillard épais enveloppe et pénètre tout. À mesure que l’avant-midi s’écoule, l’aspect de la chambre devient plus triste. Le parquet est jonché de journaux froissés, de chiffons de papiers, de livres bleus. Les orateurs qui se succèdent ne parlent visiblement plus que pour gagner du temps. Vers onze heures, Houghton reçoit une dépêche de Vaughan, datée de Saint-Martin : « Tenez bon, nous serons à Ottawa à midi et demi. » Il n’y a plus rien à redouter : il est impossible maintenant à l’ennemi de préparer un nouvel accident de chemin de fer. Le chef de l’opposition montre donc librement la dépêche à ses collègues. Elle passe de mains en mains.

— Encore un coup de cœur, dit Houghton, il nous arrive du secours.

L’animation qui se manifeste du côté de l’opposition après la lecture de cette dépêche n’échappe pas à Montarval qui n’a presque pas quitté son siège depuis la veille. Une colère sombre et impuissante l’agite.