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POUR LA PATRIE

scènes. Les députés ministériels, obligés de rester en nombre suffisant pour empêcher l’ajournement « faute de quorum », prennent des postures et des allures qui n’ont rien de poétique ou de distingué. Les uns, enfoncés dans leurs fauteuils, le chapeau rabattu sur les yeux, ou à demi-couchés sur leurs pupitres, dorment et ronflent. D’autres, sans fausse honte, se font apporter qui un bifteck, qui une côtelette, et combattent l’ennui à coups de fourchette. Du côté de l’opposition les banquettes sont vides. Tous sont allés se reposer dans les bureaux. Il ne reste que celui qui est chargé de continuer le débat, entouré de deux ou trois amis, en cas d’un accident quelconque. Si celui qui parle est habitué à ce jeu parlementaire, il saura se ménager. D’abord, il parlera très lentement, et s’éloignera du sujet autant qu’il le pourra sans s’exposer à un rappel à l’ordre. Il citera, à tout propos, et longuement, l’inévitable Todd, l’inéluctable May, l’inéludable Bourinot qui étaient les auteurs classiques des parlements canadiens à la fin du dix-neuvième siècle et qui le sont encore au milieu du vingtième. Lire quelques pages de ces auteurs, cela repose l’esprit,