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POUR LA PATRIE

aimaient trop leur collègue pour ne pas lui donner cette dernière marque de leur sympathie et de leur estime. À cause de la faible majorité du gouvernement, ils n’avaient plus à redouter une application arbitraire de la clôture : le groupe de Vaughan, favorable pourtant au projet, ne l’aurait pas permis. Le débat recommença donc plus acerbe que jamais. Seulement, le mot d’ordre était donné du côté ministériel : pas un député de la droite ne se levait pour répondre aux arguments de la gauche.[1] Celle-ci dut supporter seule, encore une fois, tout le fardeau de la discussion.

Vers dix heures du soir Houghton reçut la dépêche de Vaughan. Il la montra à Leverdier et à trois autres députés français dont la parfaite discrétion lui était connue.

— Prenez bien garde, leur dit-il, d’en souffler mot à qui que ce soit.

— Pourquoi ? lui demanda Leverdier. C’est pourtant de nature à encourager nos amis ; car cette dépêche indique clairement que

  1. On le sait, dans les parlements où prévalent les coutumes anglaises, les députés de l’opposition siègent toujours à la gauche du président, quelles que soient leurs opinions politiques ou religieuses.