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POUR LA PATRIE

chanter son bonheur dans ce langage enthousiaste.

— Oui, répondit-il, Dieu est infiniment bon et Sa grâce, infiniment puissante ; mais Sa bonté ne se manifeste pas toujours de la même manière, et Sa grâce, pour être toujours puissante, n’est pas toujours sensible. Ton âme est inondée de délices. C’est un véritable avant-goût du ciel. Dieu t’accorde sans doute cette faveur pour te confirmer dans Son service. Mais ne sois ni surpris, ni affligé, ni découragé, si, plus tard, cette ferveur délicieuse que tu ressens aujourd’hui est remplacée par une sécheresse désolante, un dégoût affreux ; si le ciel qui te paraît maintenant tout près et souriant, s’éloigne et semble d’airain ; si ton âme, en ce moment pleine d’onction et de nobles pensées, se fait aride comme le désert ; si la prière, qui est aujourd’hui un élan naturel et spontané de ton cœur vers Dieu, devient une véritable corvée, plus pénible que le plus dur labeur. Notre-Seigneur éprouve souvent par la sécheresse ses plus fidèles serviteurs. Cette épreuve t’est peut-être réservée. Si elle t’arrive un jour, ne te laisse pas abattre. Prie, quand même tu ne trouverais aucune