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POUR LA PATRIE

est au ciel. Que Dieu vous console ! Sœur Antonin. »

Bien qu’il s’y attendît, le coup fut terrible pour Lamirande. La prière de la bonne sœur ne fut pas exaucée : pour éprouver davantage son fidèle serviteur, Dieu ne le consola point. Au contraire, Il permit aux flots les plus amers de la douleur humaine de submerger ce cœur si tendre, si aimant. Il ne pouvait penser qu’à une chose : il était désormais seul dans le monde. Son unique bien ici-bas lui était enlevé pour toujours. Pendant quelques instants il verrait un pauvre petit cadavre ; puis plus rien de cette enfant tant aimée ; jamais plus une caresse, jamais plus un sourire. Ne songeant pas au bonheur de sa fille, ne se rappelant pas que la séparation, par rapport à l’éternité, n’est que momentanée, ne voyant que l’affreuse blessure faite à son cœur de père, il fut rudement tenté de murmurer contre la divine Providence, de dire que c’était injuste, qu’il ne méritait pas une telle affliction. Mais Dieu l’éprouvait seulement, Il ne l’avait pas abandonné ; et cette âme, toute meurtrie, tout affaiblie qu’elle était, eut, avec la grâce