Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
POUR LA PATRIE

Lamirande ne daigna pas lui répondre, et l’écartant d’un geste, il pénétra dans la chambre et se rendit auprès du vieillard que cette scène avait fortement ému.

— Monsieur, lui dit Lamirande, en montant l’escalier j’ai surpris bien involontairement votre secret. Souffrez que je vous amène chez moi.

Le vieillard fondit en larmes.

— Oh ! dit-il, que vous êtes bon ! mais je ne puis accepter votre offre. Je veux mourir ici inconnu, afin que mon fils n’ait pas honte de moi. Car c’est mon fils unique, et je l’aime, malgré tout ce qu’il m’a fait souffrir.

En parlant ainsi, le vieillard s’était assis sur son grabat. Lamirande put constater la ressemblance frappante entre les traits du père et ceux du fils. Deux visages assombris, l’un par le chagrin, l’autre par les passions. Le père inspirait de la sympathie, le fils, une invincible répugnance.

Lamirande s’assied à côté du vieillard et passe doucement son bras autour de lui pour le soutenir.

— Parlez, monsieur, épanchez votre cœur, cela vous soulagera.