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POUR LA PATRIE

— En effet, si la foi n’entraînait pas un changement de vie ; si la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ n’imposait pas plus d’obligations morales que la croyance aux vérités mathématiques, te dirais-tu incroyant ? Tu crois que deux et deux feront toujours quatre, parce que, tout en le croyant, tu peux vivre à ta guise ; mais si cette croyance avait pour corollaire le pardon des injures, ou l’abandon de certains plaisirs, ou quelque autre sacrifice qui répugne à la nature humaine, tu te demanderais peut-être si, après tout, deux et deux font toujours quatre…

— C’est peut-être vrai, murmura Vaughan.

— Sois certain que c’est vrai. C’est là où se trouve le voile, le bandeau : sur le cœur. Remarque bien les paroles de la sainte liturgie que je citais tout à l’heure : Ut auferat velamen de cordibus eorum. Vois-tu : de cordibus, non pas de mentibus.

— Je souffre terriblement, dit le jeune Anglais.

— Je comprends tes souffrances. Il se livre, dans ton âme, un combat formidable entre la grâce divine et Satan. Il y a longtemps que je suis avec anxiété les péripéties