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POUR LA PATRIE

l’assemblée. C’est encore Lamirande qui parvient à rétablir un peu d’ordre.

— C’est maintenant, dit le président, la question principale, la deuxième lecture qui est mise aux voix.

Le règlement permet de parler. Saint-Simon se lève, pâle, hagard. Le silence se fait aussitôt, car tous sont curieux d’entendre ce qu’il peut bien avoir à dire pour expliquer sa volte-face.

— Monsieur le président, clame-t-il d’une voix fausse et criarde, je désire répondre aux injures dont j’ai été l’objet, en donnant la raison qui m’engage à voter cette constitution que j’ai naguère combattue. C’est tout simplement, pour moi, une question de choisir le moindre de deux maux. Je me suis vivement opposé au projet de constitution qui nous est soumis, et je le trouve encore mauvais ; mais quand je songe que si l’opposition réussit à le faire rejeter, la province de Québec tombera peut-être entre les mains du député de Charlevoix et de ses pareils, je ne puis me décider à exposer le pays à un tel malheur. Le Canada uni qu’on veut établir laissera sans doute à désirer ; mais la Nouvelle France, fanatisée, intolérante, digne