Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
POUR LA PATRIE

régime proposé, je le regrette sincèrement ; ce regret ne constitue cependant pas une raison suffisante pour moi de repousser ce projet de constitution. Sans doute, je penserais, je parlerais, et je voterais autrement si j’étais un catholique fervent comme l’est mon bon et cher ami le député de Charlevoix à qui, je le sais, je fais terriblement de la peine en ce moment. Mais je ne le suis pas. Je suis partisan de la grandeur matérielle. Je ne puis m’élever à une région plus haute, que j’entrevois, mais qu’il m’est aussi impossible d’atteindre qu’il est impossible aux habitants de la basse cour de suivre l’aigle dans son vol vers les astres. Le régime politique qu’on nous propose m’offre tout ce que je puis comprendre, tout ce que je puis croire : la grandeur politique de mon pays. Je l’accepte, tout en méprisant souverainement la main qui nous la présente.

Cet étrange discours où se traduisaient les doutes, les faiblesses, les contradictions, les aspirations vagues de cette pauvre âme que Dieu et le démon se disputaient, produisit une profonde impression sur la chambre. Il y eut un moment de silence. Montarval se pencha